Cette année on a 15 ans. Force est de constater qu’au bout de tant d’années, le navire est toujours à flot, et s’apprête à prendre un nouveau courant. Pour l’occasion, on a jasé avec notre CEO Simon De Baene. Parmi nos sujets ; les faits cocasses de nos débuts, la culture à distance, l’innovation by Workleap et surtout, comment on s’apprête à bâtir le futur du travail.
Q. Lancer une business quand on est encore à l’université c’est comment ?
S.D.B : L’idée m’a toujours démangé, même avant 2006, quand j’étais au Cégep. C’était flou, mais la voie entrepreneuriale me semblait idéale pour transmettre quelque chose. Mon père s’est d’ailleurs relancé en affaires en même temps donc quand j’ai vu ça je me suis dit s’il le fait, pourquoi pas moi ?
Après le challenge c’était de partir une entreprise en même temps que l’école. Guillaume Roy et moi-même on a eu de la difficulté à nous impliquer réellement dans le parcours académique. Workleap prenait toute notre énergie et ça se faisait sentir dans notre implication dans les cours. Disons que dans les travaux d'équipe, on n'était pas les plus fiables. Kevin Borduas peut en témoigner !
Mais ce qui est fun c’est que j’ose croire qu’on a tissé des liens assez solides pour que quelques années plus tard, on se retrouve ensemble chez Workleap.
Q. Si tu devais donner un conseil au Simon d’il y a 15 ans encore à l’ETS, ça serait quoi ?
S.D.B : Je crois qu’on aurait pu avoir une plus grande curiosité, une plus grande ouverture à regarder ce qui se faisait autour de nous pour s’inspirer. Des fois j’ai l’impression qu’on était un peu seuls sur notre île, la tête dans le sable à être beaucoup dans l’essai-erreur. C’est correct, mais quand tu prends le temps de prendre du recul, tu te rends compte que tu as beaucoup à apprendre de ce qui se passe autour !
Q. Un fait cocasse sur les débuts de Workleap qu’il serait grand temps de sortir du placard ?
S.D.B : Le fait cocasse qui me fait toujours sourire ; quand on a créé Workleap on n’avait vraiment aucune idée de ce qu’étaient la gestion et la comptabilité. On était tellement naïfs, juste des jeunes qui se lancent dans l’entrepreunariat sans avoir aucune idée de ce que c’est. Et pour cause !
Après quelques mois je discutais avec ma mère, elle me demandait comment on gérait nos dépenses d’entreprise, etc. Je me souviens l’avoir regardé comme un chevreuil : « de quoi tu parles ? ». On avait une compagnie et on dépensait sur notre argent personnel, le gouvernement nous envoyait des papiers on ne savait pas à quoi ça servait, on ne prenait même pas la peine de répondre !
Je me souviens lorsqu’elle me dit : « bon ok vous êtes complètement perdus. Je vais te rendre service Simon, je vais m’occuper de ça. »
Ma mère elle avait un rôle de VP dans une grande boîte, mais les soirs et les week-ends elle faisait la compta de Workleap. Ça me fait juste réaliser à quel point on est parti de loin.
Q. Ça a été quoi pour toi le changement le plus significatif dans le monde du travail depuis un an ?
S.D.B : Le monde du travail a été mis à rude épreuve. Pour de vrai. Avant ça, les entreprises devaient se démarquer et c’était déjà difficile. Mais là, on leur a mis un backpack rempli de choses sur le dos, et on leur a dit ok maintenant débrouille-toi et monte la montagne.
Ce qui a été impressionnant à voir c’est la capacité des organisations à faire leur chemin avec ces nouvelles contraintes-là. Et je pense que beaucoup ont réalisé qu’elles avaient plus de potentiel qu’elles pouvaient l’imaginer avant.
« C'est le début d'une grande accélération dans la transformation de nos organisations. Ce n'est plus juste une question d'amener de petites améliorations par-ci, par-là. On doit repenser l'expérience du travail au complet. Ce n'est pas rien.»
Simon De Baene, co-fondateur et PDG de Workleap
Q. Et le changement le plus significatif pour Workleap ?
S.D.B : Aujourd’hui je crois que ça fait juste clarifier encore plus ce que Workleap essaye de faire depuis toujours. Ça vient valider qu’on est dans la bonne direction, ça vient redonner un second souffle aux choses qu’on fait depuis des années, et nous inspirer pour les années futures.
Ce qui est le fun aussi à voir c’est qu’il y a plein de choses qu’on fait depuis des années, qui prennent soudainement encore plus de sens.
Prenons ShareGate, qui depuis une décennie bouge les organisations dans le Cloud, leur permet de se moderniser avec des technologies plus actuelles et modernes. Avant, les clients le faisaient surtout pour suivre les courants sans trop se poser de questions. Aujourd’hui, si tu veux que ton entreprise continue de fonctionner, tu n’as pas le choix d’utiliser les technologies Cloud. Et ceux qui ont fait le move depuis longtemps ont réellement compris pourquoi ils l’avaient fait quand la pandémie est arrivée.
Maintenant, comment les gestionnaires font pour savoir comment leurs gens se sentent ? Si l’équipe va bien et est alignée ? Officevibe est un outil qui vient donner de la visibilité à tout ça. C’est une tech qui est définitivement très utile pour des équipes qui, pendant longtemps, étaient assises les unes à côté des autres, et qui maintenant sont on ne sait où.
La pertinence de nos produits n'a jamais été aussi claire, même pour les gens qui ne sont pas nécessairement dans le domaine technologique.
Q. Quel rôle on veut se donner en tant que compagnie produit auprès des autres organisations ?
S.D.B : La pandémie a été comme un point de rupture dans le sens où des outils qui pouvaient paraître être un luxe dans le passé sont maintenant critiques au bon développement des entreprises.
« Être une organisation qui va contribuer à participer à bâtir cette nouvelle génération d’outils c’est le positionnement qui fait le plus de sens pour nous. Des outils qui vont repenser les expériences de travail autour de la communication, de la collaboration, de la gestion et de la culture d’entreprise. »
Des outils qui vont amener de nouvelles perspectives sur des aspects du travail qu’on prenait peut-être pour acquis dans le passé.
Repenser le monde du travail c’est tellement vaste, il y a tellement de choses à faire, et on peut tout faire. Ce qui a toujours été dans l’ADN de Workleap c’est qu’on a toujours voulu bâtir des produits qui sont proches des gens, qui les servent de manière directe, qui viennent peaufiner leur expérience de travail.
Q. En parlant de nouveaux produits, tu t'impliques maintenant beaucoup plus dans le Laboratoire d'innovation Workleap. De quelle façon ton rôle a-t-il évolué ?
S.D.B : J’avais initialement un rôle de PDG plus classique. En recrutant Martin Gourdeau pour diriger les opérations de l’entreprise, ça m’a permis de retourner là où je pouvais avoir le plus d’impact, enfin je crois.
J’ai un bon instinct pour les produits qu’on peut bâtir chez Workleap et sur la manière dont on peut les bâtir. Je veux travailler sur la création de nouveaux produits, la stratégie d’entreprise et la vision. Toutes des choses que je devais faire avant en plus de l’aspect opérationnel, un côté sur lequel je n’étais pas le meilleur.
Aujourd’hui le défi de Workleap c’est de faire se démarquer nos produits actuels et en créer de nouveaux. Un, deux, huit, quinze... à nous de faire les bons choix. Tout est possible !
Faire en sorte que des produits déjà existants aillent bien c’est un travail colossal. Mais en créer de nouveaux, leur trouver une place dans notre écosystème, les commercialiser, aller chercher de nouveaux clients, c’est tout aussi colossal. Et c’est là où j’ai envie de mettre mon temps.
Q. C’est quoi qui te donne le goût de te lever chaque matin ?
S.D.B : Depuis janvier ma vie au travail a complètement changé. J’ai ressorti mes vieux calepins, j’ai volé les cahiers de dessins à ma fille.
J’ai une table remplie de feuilles sur lesquelles je griffonne et j’imagine quel serait le nouveau produit, comment il vivrait, pour qui, etc. C’est incroyable le côté créatif, c’est comme un muscle, si tu l’entraînes pas il se perd. C’est inconfortable de le restimuler.
Imaginer des scénarios sur tous les angles t’en as des sueurs, mais c’est la raison pour laquelle je me lève le matin et j’ai hâte d’aller m’asseoir à mon bureau. Si tout le monde tripe à faire ce qu’il fait, tout le monde est gagnant, c’est ce que je fais depuis janvier.
Q. Peux-tu me définir l’innovation by Workleap ?
S.D.B : Tape innovation sur Google et tu verras une équipe de travail dans une salle de conférence avec des post-its. C’est plate à dire, mais la plupart des grandes innovations qui nous entourent sont survenues dans des moments beaucoup plus banals que ça. L’innovation ce n’est pas obligé d’être big, des fois ce sont des petites niaiseries. C’est moins sexy que l’on peut penser.
Notre désir d’innovation est toujours parti d’une belle volonté. L’erreur qu’on a faite juste c’est se lancer dans de l’innovation pour tout. C’est super idéaliste, on voulait tout repenser le monde du travail comme si tout était à jeter à la poubelle puis à recommencer. Alors que non. Avec les années, j’ai compris qu’il y a des choses qui marchent. Il y a de belles entreprises qui ont accompli des choses phénoménales avec des approches très traditionnelles.
L’innovation sur laquelle on veut s’attarder va toucher aux problèmes qu’on veut régler chez nos clients. On a le privilège d’avoir accès à nos clients ShareGate et Officevibe actuels, donc on est capable de voir comment on peut les aider davantage et c’est là où on veut focus l’innovation.
Chez Workleap on voit l’innovation comme le véhicule idéal pour créer de la valeur pour nos clients — existants et potentiels — en faisant les choses de façon nouvelle et en s’assurant qu’elles génèrent un impact sur notre croissance.
Est-ce qu’il y a une autre approche peut-être inconfortable qu’on a oublié vers laquelle on pourrait aller ? Est-ce qu’il y a un angle qui nous a échappé ?
Comme business aujourd’hui il faut se permettre d’améliorer de façon incrémentale nos produits, tout en ajoutant de gros morceaux de valeur qui sont inattendus, qui règlent de nouvelles problématiques différemment.
Q. As-tu des exemples de comment l’innovation se concrétise et prend vie chez Workleap ?
S.D.B : Tout le monde peut contribuer à l’innovation. Mais pour moi ça passe par :
- Notre Lab d’Innovation ; on a une équipe dédiée à l’expérimentation, le prototypage, la création de nouveaux produits et leur mise en marché.
- innovate ; c’est un challenge que nous venons de lancer à l’interne. Des équipes qui se forment pour répondre à plusieurs défis qu’on veut adresser à Workleap. C’est une approche inspirée du framework d’open innovation.
Le recrutement ; on a une attente d’avoir des gens qui ont de l’espace pour amener des idées fraîches et faire partie de la solution sur comment on peut innover. - Certaines de nos pratiques de gestion de produit sont basées sur l’innovation. Avec un ratio distribution saine d’investissement petits incréments vs gros changements.
Q. Sur quoi tu bosses en ce moment ?
S.D.B : On travaille sur une nouvelle plateforme d’expérience employée, Softstart, qui a comme mission de créer l’expérience d’onboarding la plus humaine dans un contexte de remote ou hybride. C’est un produit qui s’inscrit pleinement dans la montée en popularité du télétravail avec la pandémie, une réalité qui risque de nous suivre pour toujours.
Comment tu cultives les relations humaines, comment tu connectes les gens ensemble surtout quand tu es nouvel arrivant ? Quand tu es nouveau ou nouvelle, ce n’est pas aussi naturel à distance de connecter avec le monde. Le but est de transformer l’expérience d’onboarding en une expérience humaine qui te permet d’obtenir la connaissance pour connecter avec les gens, comprendre l’organisation et ultimement faire en sorte que ton jour 1 soit mémorable, de même que les semaines et mois qui suivent.
Quand tu arrives dans une nouvelle organisation, tu dois par exemple lire la politique de sécurité et on ne va pas se mentir, c'est plate. Avec Softstart, on veut amener la touche humaine manquante qui fait toute la différence. Ici tu aurais la politique de sécurité accompagnée d'une vidéo réalisée par la personne responsable de la sécurité qui explique le pourquoi derrière ce document.
C’est ce genre d’expérience humaine qu’on veut créer au sein d’une plateforme pour les travailleurs. Et on croit que ça va avoir un énorme impact sur l’engagement des employés et sur la rétention. C’est franchement un gros défi.
« Si je change de job demain matin, c’est exactement le même écran, le même clavier qui vont être devant moi. Même bureau, même place. La seule différence c’est l’expérience qui se passe dans l’écran. »
Q. Avant le cœur de Workleap était son bureau. Maintenant qu’on est à distance depuis un an, comment ça se passe?
S.D.B : Chacun vit l’impact de la pandémie à sa façon, donc c’est difficile de pouvoir juger l’impact du remote sur nos gens.
Cependant je suis heureux de ne plus avoir le fardeau que le bureau soit aussi important et primordial au fonctionnement de l’expérience Workleap.
Le bureau on l’a mis de côté depuis un an, malgré nous, et je ne vois pas un autre moment où ça aurait pu se produire. Il est beau, on en est fiers et fières, il n’y en a pas deux comme ça ! Mais je crois que nos gens viennent au travail pour les personnes avec qui ils travaillent, pour les projets sur lesquels ils travaillent. Ce n’est pas vrai qu’une culture peut se résumer à un espace physique. Et ce que nous avons compris, ça nous a testé pour vrai.
La culture ce sont les gens, les connexions humaines, des comportements, des manières de communiquer, des habitudes de travail. Le jour où le bureau va être accessible à nouveau, il ne sera plus central, ça va créer un équilibre plus sain et plus gagnant pour tout le monde. Aujourd’hui tout le monde veut de la flexibilité.
Ça favorise une maturité de gestion qui permet de travailler sur les résultats, de cultiver l’autonomie des gens, et de s’assurer qu’ils développent leur maturité. Ça nous fait juste grandir professionnellement je crois, d’être dans des conditions comme ça. Pour moi à date c’est juste des belles surprises.
Q. En parlant de culture, si tu devais décrire la nôtre en 3 mots ça donnerait quoi ?
S.D.B : Une culture humaine, de respect et d’authenticité.
Une culture de gens qui se lancent et qui l’ont fait à plusieurs reprises dans les 15 dernières années.
Une compagnie qui n’a pas peur de se réinventer et qui en fait quasiment une obsession.
De plus en plus une culture de parler-vrai. Une espèce de maturité professionnelle et de respect dans ce qu’on essaie de faire.
C’est quelque chose que j’ai remarqué dans les 15 dernières années, les gens ils care, ils veulent que ça marche. J’ai toujours été impressionné à quel point ils ne laissent pas tomber les choses.
Q. Si tu avais une personne en face de toi qui hésiterait à postuler chez nous, tu lui dirais quoi ?
S.D.B : J’insisterais sur le fait que tu ne viens pas juste surfer le succès passé, mais plutôt pour surfer sur le prochain. On prend notre surf, on abandonne la vague, puis on prend la prochaine, et on va se faire rentrer dedans par une coupe de vagues en chemin. Tout est à faire, on est loin d’être parfaits, on ne le sera jamais, mais c’est ce qui nous garde allumé.e.s. Si t’es prêt.e à mettre les efforts, Workleap c’est un beau trip dans ton parcours professionnel. C’est ça que je dirais à quelqu’un qui veut se joindre à Workleap.
Les 15 dernières années ont été une sacrée aventure, mais aujourd’hui ce qu’on veut c’est créer l’aventure des 15 prochaines. Et on a besoin de gens qui viennent nous aider à créer quelque chose de complètement différent s’il le faut.
Q. Workleap dans les 15 prochaines années, ça donnerait quoi ?
S.D.B : Une compagnie qui crée des produits, plusieurs.
Une compagnie qui s’impose à l’international comme on le fait aujourd’hui.
Une compagnie qui ne se démarque pas par son nombre de gens mais plutôt par l’impact de ses produits. Dans 15 ans on pourrait être encore 300 si on veut, ce n’est pas sur notre roadmap de vouloir être 1000.
On n’est pas dans un chemin tracé comme souvent les entreprises tech le sont ; on fait un IPO à telle date, on vend à telle date. On est dans un mode un peu plus infinite game, il y a plus d’inconnus, mais ça donne une expérience de travail qui est plus intéressante selon moi.